La problématique patrimoniale de la disparition s’attache souvent à l’échelle architecturale voire infra urbaine. Cette échelle réduite renvoie à des perceptions et des modes d’intervention connus. Mais que ce passe-t-il lorsque c‘est une ville entière qui disparait ? Face à la sidération qui nous saisit à l’énoncé de cette question, il semble important d’observer la figure mortifère de la disparition totale d’une ville. Si les destructions massives de la seconde guerre mondiale ont donné lieu en Europe à un effort intense de reconstruction, il existe dans le monde des villes définitivement disparues. L’étude de l’histoire urbaine récente et le survol de la surface terrestre par la photographie satellitaire exposent au regard des villes définitivement abandonnées au cours du 20e siècle (et du 21e naissant). Voici une analyse comparative de 13 « villes mortes » selon trois critères : la permanence des structures urbaines, l’entropie à l’oeuvre (dont la renaturation) et l’activité mémorielle.
Parmi ces villes figurent des villes pionnières - souvent minières - abandonnées après exploitation d’une ressource. Ce type peut être qualifié de ville abandonnée car l’arrêt de l’activité à qui elles doivent leur existence leur fut fatal.
/ La ville minière allemande de Kolmanskop dans le désert du Namib (Namibie) abandonnées aujourd’hui au sable (tout comme Bogenfels, Elizabeth Bay, Grillenthal et Pomona).
/ L’île de Hashima (au large de Nagasaki, Japon, 5 300 habitants) fut achetée par Mitsubishi en 1890 pour exploiter son gisement de houille puis abandonnée en 1974 et interdite d’accès jusqu’en 2009.
/ Fondée en 1910 par la Suède, Pyramiden (sur l’île de Spitzberg, Norvège) devint une ville soviétique modèle avant que la production de la mine ne cesse complètement le 31 mars 1998 (tout comme les villes voisines de Grumantbyen, Colesbukta et Advent City).
/ Fondée en 1905 pour accueillir les ouvriers de la mine de cuivre d’El Teniente, Sewel (cordillère des Andes, Chili) fut abandonnée dans les années 1970 et figure aujourd’hui sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité.
/ D’autres aventures économiques ont produit des villes fantômes comme Fordlândia (bord du Rio Tapages, Brésil), « company town » bâtie par l’industriel Henry Ford dans les années 1920 afin d’exploiter le caoutchouc.
Des villes plus ou moins récentes peuvent être victimes de conflits armés. Une fois détruite ou délaissées, elles ne voient pas le retour d’habitants car leur position stratégique les condamne à l’abandon. Ce type peut être qualifié de ville mortifiée.
/ Lukangol (République Centrafricaine), ville de 20.000 habitants qui fut détruite pendant les conflits politiques de 2011.
/ Agdam (Azerbaïdjan), ancienne ville de 50 000 habitants détruite lors de la Guerre du Haut-Karabakh (1988-1994).
/ Varosha (Chypre), autrefois prisée par les touristes, mais désertée en 1974 suite au conflit entre Chypre et la Turquie. Elle fait maintenant partie du no-man’s land de la Green zone (ONU).
Des évènements brutaux peuvent survenir, liés à des risques naturels ou technologiques, et détruire de vastes territoires urbanisés. Ce type peut être qualifié de ville ravagée.
/ Beichuan (Chine) détruite et laissée à l’abandon après le séisme meurtrier de la région du Sichuan en 2008. La ville est devenue un mémorial géant en l’honneur des victimes de cette catastrophe naturelle.
/ La ville balnéaire d’Epecuen (sud-ouest de Buenos Aires, Argentine, 20 000 habitant en haute saison) submergée par 10 mètres d’eau le 10 novembre 1985. Vingt-huit ans plus tard, le lac a fini par se retirer…
/ Centralisa (États-Unis), la ville ravagée par le monoxyde de carbone en Pennsylvanie
/ La liste ne serait pas complète sans citer les catastrophes nucléaires qui ont stérilisé les alentours de Chernobyl (dont la ville de Pripyat, Russie) en 1986, et la région de Fukushima (dont Tomioka, Japon) en 2011.
/ La ville minière allemande de Kolmanskop dans le désert du Namib (Namibie) abandonnées aujourd’hui au sable (tout comme Bogenfels, Elizabeth Bay, Grillenthal et Pomona).
/ L’île de Hashima (au large de Nagasaki, Japon, 5 300 habitants) fut achetée par Mitsubishi en 1890 pour exploiter son gisement de houille puis abandonnée en 1974 et interdite d’accès jusqu’en 2009.
/ Fondée en 1910 par la Suède, Pyramiden (sur l’île de Spitzberg, Norvège) devint une ville soviétique modèle avant que la production de la mine ne cesse complètement le 31 mars 1998 (tout comme les villes voisines de Grumantbyen, Colesbukta et Advent City).
/ Fondée en 1905 pour accueillir les ouvriers de la mine de cuivre d’El Teniente, Sewel (cordillère des Andes, Chili) fut abandonnée dans les années 1970 et figure aujourd’hui sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité.
/ D’autres aventures économiques ont produit des villes fantômes comme Fordlândia (bord du Rio Tapages, Brésil), « company town » bâtie par l’industriel Henry Ford dans les années 1920 afin d’exploiter le caoutchouc.
Des villes plus ou moins récentes peuvent être victimes de conflits armés. Une fois détruite ou délaissées, elles ne voient pas le retour d’habitants car leur position stratégique les condamne à l’abandon. Ce type peut être qualifié de ville mortifiée.
/ Lukangol (République Centrafricaine), ville de 20.000 habitants qui fut détruite pendant les conflits politiques de 2011.
/ Agdam (Azerbaïdjan), ancienne ville de 50 000 habitants détruite lors de la Guerre du Haut-Karabakh (1988-1994).
/ Varosha (Chypre), autrefois prisée par les touristes, mais désertée en 1974 suite au conflit entre Chypre et la Turquie. Elle fait maintenant partie du no-man’s land de la Green zone (ONU).
Des évènements brutaux peuvent survenir, liés à des risques naturels ou technologiques, et détruire de vastes territoires urbanisés. Ce type peut être qualifié de ville ravagée.
/ Beichuan (Chine) détruite et laissée à l’abandon après le séisme meurtrier de la région du Sichuan en 2008. La ville est devenue un mémorial géant en l’honneur des victimes de cette catastrophe naturelle.
/ La ville balnéaire d’Epecuen (sud-ouest de Buenos Aires, Argentine, 20 000 habitant en haute saison) submergée par 10 mètres d’eau le 10 novembre 1985. Vingt-huit ans plus tard, le lac a fini par se retirer…
/ Centralisa (États-Unis), la ville ravagée par le monoxyde de carbone en Pennsylvanie
/ La liste ne serait pas complète sans citer les catastrophes nucléaires qui ont stérilisé les alentours de Chernobyl (dont la ville de Pripyat, Russie) en 1986, et la région de Fukushima (dont Tomioka, Japon) en 2011.
L’étude se décompose en trois partie. 1/ La première partie - synthétique - fait la monographie croisée des villes étudiées classées par type. 2/ La seconde partie entreprend une analyse comparative selon les trois critères précédemment mentionnés - la permanence des structures, l’entropie à l’oeuvre et l’activité mémorielle - avec pour parti pris d’exploiter l’observation satellitaire de ces sites tout en tenant compte du contexte exprimé par les monographies. 3/ Fort des enjeux et principes énoncés, la troisième partie - plus spéculative - envisage une adaptation opérationnelle de cette réflexion à la préparation de territoires exposés à des enjeux irréversibles liés par exemple au changement climatique ou aux risques technologiques.
Pique-nique à Centralia