Le nouveau quartier
Olivier Campagne, 2008, d’aprés “Undici Fantasmi”, projet d’Edouard Ropars sur le quartier de l’EUR à Rome, 2003

“ Au motif de son imprévisible mais effectif écroulement, la culture mérite une place de choix dans le musée de l’accident.”
haute fonctionnaire anonyme, 1989
“ L’accident n’est pas que ce que l’on croit, il est aussi ce que l’on désire !”
Simon Dhantioch, Le silence est une vertu qui s’ignore, Éditions du Bug, Vierzon, 2000
“ Lorsqu’un platane rencontre une automobile c’est fréquemment un accident, lorsqu’un écologiste rencontre une platane c’est l’angoisse d’une possible séparation.”
Éliane Chmoche, Pas si sombre, auto-édition, Bruxelles, 1978
“ Demain nous inquiète, hier nous effraie, aujourd’hui ne sait plus où il en est !”
Kevin Damer, De l’accident dans les chaumières, Éditions du Covid, Versailles, 2021
“ La science est à l’héliport ce que le cinéma est à la confiture : un accident épistémologique. […]
À force de chercher, de possibles savants encouragent de parfaits crétins à les imiter pour parfaire leur arrogance.”
Sergueï Lisantiov, Circonstances atténuantes, Grands Ensembles, Sarcelles, 1990
(traduit du russe 1981)
“ — Vous évoquiez un musée dans vos mémoires, serait-ce le votre ?
- Certainement pas, il s’agissait du musée de la muséification, ses méthodes, ses moyens, ses enjeux, ses catastrophes et ses acteurs.”
entretien radiophonique mené le 24 juin 1998 par Marlène Gotmar, responsable du service politique avec Jacques Jan, ex-ministre de la culture du Gurundia
“ À force de bien penser, reste à espérer un virus sémantique !”
Claudia Goff, Au coude-à-coude, Orlea, Paris,1997
***
Ce jour-là
profitant d’un après-midi précédant une veillée de noël où le rougeoyant barbu de la boisson gazeuse au secret si bien fuité, qui avec sa blanche et mentonale capillarité se destine à franchir multes cheminées pour, aux pieds de sapins privés de croissance et gaspillant l’énergie, déposer des jouets, cadeaux dont beaucoup empestent d’autres pays et produiront, après déchiquetage des emballages enrubannés, voire un peu plus tard, joies et désillusions dont d’inopportuns dysfonctionnements qu’aucune garantie ne couvrira…
dans ce moment singulier où mes contemporains complètent un menu standard ou inventif après avoir fait la queue pour être testés et pour ces huitres qui entameront quelques mains, encombrés du chapon commandé qu’il ne faut pas trop tarder à enfourner, les châtaignes elles-aussi venues avec quelque retard de chine, ce moment où les familles covidées vérifient leur abonnement zoom, les enfants s’inquiètent des présents, …
j’ai eu la chance de voir quelques apparats de napoléon, bon-apart s’il en est, bien logé en des palais malmenés par les événements et si saturés des signes du pouvoir dont ce trône si long à commenter :
sur lequel il est si difficile de ne pas lire cet N qui dans beaucoup de langues entame un Non, et tous ces emprunts à rome, aux mondes militaires, aux rois prédécesseurs dont les lys sont faits abeilles au motif que le souverain, cette fable orgueilleuse, est légitime parce que précédé et désigné.
[…]
et puis, ai tout aussi joyeusement entamé la soirée en regardant le film tragi-comique [don’t look up] de l’accident total d’une humanité turbulée d’elle-même refusant de lever la tête pour voir la comète qu’annonce l’ancien jeune homme du titanic jouant cette fois-ci, avec le même talent, un savant dépressif, dépassé par un génie transhumaniste-gagnant-gagnant passionné des algorithmes de l’extrême religion des bonnes affaires.
ce beau mélange privé-public s’affuble d’une présidente-délirante étasunienne, tout aussi remarquablement bien jouée, version enjupée d’une vulgaire présidence récemment passée.
cet accident-ci est déni, en conscience le déni est accident, car, encore une fois mais cette fois-ci dernière, ce qui arrive ne saurait arriver à tant de talents certains que ce qui se passe leur appartient parce qu’ils méritent avec tout le bruit qu’ils font pour couvrir le sombre murmure de ceux qui peinent.
leur soleil artificieux absorbe l’énergie des autres, grand nombre non convié dans le puissant navire des possédants-fuyards qui se retrouvent bien plus tard sur une planète verdoyante-accueillante où ils-elles se font enfin dévorer par de sympathiques animaux.
l’accident est de toutes les sortes : tragique, cosmique, comique, pathétique, ludique, sentimental.
la surdétermination du possédant accidente les doutes des possédés.
OUI, L’ACCIDENT OUVRE TOUTES LES VOIES !
les plus heureuses ne sont pas les mieux connues, comme souvent l’inventaire nous attend…
Jac Fol, le 24 décembre 2021
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