Dans son ouvrage « histoire de lynx », Claude Lévi-Strauss produit le schéma d’une cabane d’hiver semi-enterrée de la tribu des Chilcotins en Amérique du Nord. Bien entendu le dessin est plus sensible et l’épure présentée ici de piètre qualité.
J’essaye donc de la décrire. À partir d’une fosse circulaire creusée à même le sol, une structure en bois est construite pour former une grande hutte dont le sommet carré servira d’exutoire de fumée et d’entrée. L’ensemble sera recouvert d’abord de petits bois puis de terre. Un escalier taillé dans un tronc permet d’atteindre le sol de la cabane tandis que le foyer se situe à la verticale de la cheminée.
Cette cabane a ceci de merveilleux qu’elle représente une forme absolument pure d’habitation. La fosse circulaire symbolise le cosmos qui est racheté au sommet de l’édifice par un carré d’accès symbolisant la terre. Fonctionnellement, un seul orifice gouverne la maison, à la fois porte, fenêtre et cheminée. L’implantation topographique de cet habitat et sa forme le rend par ailleurs intemporel et très HQE. Et que dire de la charpente constituée de carrés égaux formant un plan en croix ? On image aisément que ce type de cabane est reconstruit chaque année et que seul compte la permanence de sa forme.
Il y a donc là un objet pur qui renvoie à l’idéal de la cabane et qui interroge nos modes de conception et de construction. En observant ce simple édifice, je me sens humble. Il possède une résonance métaphysique en recélant le cosmos alors que nous nous tortillons pour attirer un tant soit peu de spiritualité dans nos créations… Je me répète dans un murmure que nous faisons fausse route et que l’ambition de notre génération est de sortir de la quête de la forme finie. La beauté est ailleurs. Il nous faut trouver des formes simples en apparence, mais aux dimensions multiples, qui articulent l’espace et le temps.
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