L'annonce de la fermeture de l'usine suédoise SKF avait fait trembler toute la Vendée peu avant l'été 2009. L'entreprise, créée en 1970 à Fontenay-le-Comte par le groupe leader mondial du roulement à billes, avait employé jusqu'à 900 personnes en 1990. Un premier plan social avait concerné 148 employés en 2006.
En novembre 2009, les 380 salariés étaient licenciés pour motif économique. 
Ni bruit, ni mouvement. Sous la vaste coque métallique, les machines gisent en lignes de production. Etapes successives dans la fabrication de roulements à billes, elles sont à l’arrêt définitif et tenues en état par quelques employés fantomatiques. La defaisance, terme utilisé ici pour le démantèlement, prendra plus de six mois et chaque outil sera démonté pour rejoindre une usine identique en Bulgarie. Pour le moment, ça sent l’huile et l’absence. Une impression de cataclysme vous saisit ; comme si tous les hommes avaient du fuir subitement. Pourtant ce sarcophage contemporain a fait, pendant ses quatre décennies de production, la fierté de la ville ainsi que sa prospérité.
Une lutte a eu lieu ici. En témoignaient jusqu’à hier les tenues de travail des 380 licenciés accrochés sur les grilles d’enceinte de l’usine. Les drapeaux des syndicats flottent encore aux mats d’honneurs à la place de ceux de l’industriel suédois SKF tandis que les derniers comités d’entreprise se déroulent dans un coin de l’usine. Il n’est rien d’étonnant à ce que le climat de désolation qui règne ici se soit propagé sur la place du marché et dans les rues de la ville. Dans les lotissements proches de l’usine, on s’attend dans les prochains mois à des départs massifs. 
Même si le phénomène de désindustrialisation n’a rien de nouveau, nous avons expérimenté à Fontenay le Comte la globalisation. La crise mondiale a eu immédiatement des répercutions locales palpables du fait de l’accélération des décisions d’une entreprise internationale en vue de sa réorganisation stratégique à l’échelle d’un continent. Cela laisse une impression de simultanéité frappante. Désormais, à l’annonce un matin de l’effondrement d’une bourse à l’autre bout du monde, vous pourrez craindre que votre voisin ne perde son travail avant le soir.
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