Dromologie 02 est disponible en librairie depuis le 17 novembre 2022.
Éditions Eterotopia
176 pages, 20,00 Euros
ISBN 979-10-93250-57-1
LE MUSÉE DE L'ACCIDENT
Depuis la parution de Dromologie 01, la guerre en Ukraine a éclaté, les accidents se sont multipliés : géopolitiques, sociaux, migratoires, sanitaires, etc. Tous liés entre eux et dont l'enchevêtrement aléatoire ne fait que renforcer l’urgence d’une analyse de ce que Paul Virilio nommait l’écologie grise, cette pollution induite par l’accélération du monde.
Ce deuxième cahier propose plusieurs manières de voir et aborde les différents aspects de ces interdépendances accélérées. Il pose aussi la question du Musée de l’Accident. Ce musée dont Virilio disait : « si l’invention n’est qu’une manière de voir, de saisir les accidents en tant que signes, en tant que chances, il n’est que temps d’ouvrir le muséum à ce qui survient d’impromptu, à cette “production indirecte” de la science et des technosciences (...) »
Architectes, peintres, archéologue, poètes, musicologue, chorégraphe, intellectuels, ont été nombreux à nous proposer leur vision de ce Musée de l’Accident en cours d’élaboration. Au sommaire, des réflexions sur la généalogie de l'accident, l’anatomie du déni, la lenteur, l’impossible muséographie du temps de Tchernobyl, l’urbicide, l’architecture forensique…Un Dromologie 02, hors champ, hors norme, un numéro qui, comme le premier, propage l’esprit de résistance.
DU BON USAGE DE LA DROMOLOGIE EN TEMPS DE CRISES
par Thierry Paquot & Sophie Virilio
Les accidents sanitaires, géopolitiques, climatiques, migratoires, sociaux, se suc-cèdent, s’interpénètrent, se prolongent. Les « fortifications » anti-Covid de Shanghai se sont ajoutées aux 12 000 km de murs anti-migrants ou anti-intrusions de l’Union européenne et aux milliers de kilomètres des murs américain, coréen, israélien, indien, marocain…
Les effets de l’accélération du monde se multiplient. L’analyse fait défaut.

Paul Virilio expliquait qu’au-delà de la pollution de la nature, existe une pollution liée à l’accélération, pollution qu’il nommait l’écologie grise. La dromologie — cette étude du rôle de la vitesse dans notre société — ne se prétend aucunement une « science exacte », mais une capacité à saisir différentes temporalités, pluralité d’instants synchronisés ou non, générés par des causes diverses souvent insoup-çonnables, imprévisibles, incertaines.

Dans la rubrique Changement d’ère, Dromologie 02 propose différentes manières de voir. Résolument critique, avec Systémique dromologique, Stéphane Paoli ana-lyse ce nouveau monde des interdépendances accélérées ; Laurent Vidal traite Du ralentissement comme katastrophé et nous propose une écologie des rythmes comme poïétique, Stéphane Paoli aborde L’Anatomie du déni, tandis que François Jarrige s’essaie à une Généalogie de l’accident et Thierry Paquot explore la panique dans les villes et ce qu’il nomme l’Urbicide.

Des textes temporalisant ce qui est arrivé et qui arrive encore, démontrant, une fois de plus, que nos certitudes sont conditionnées à ce qui les invalide…

Dromologie 02 — c’est aussi, et c’est notre Une — Le Musée de l’Accident.

Un musée — imaginé par Paul Virilio — capable d’exposer et d’analyser de manière critique les accidents du progrès. Un musée qui révèle les mécanismes à l’œuvre dans ces « crises accidentelles ». Nous en sommes là aujourd’hui et Hala Wardé présente les premiers dessins de ce musée en devenir et de la bibliothèque qui le préfigure.

Plusieurs articles interrogent cette accidentologie en cours d’élaboration : Frédérick Lemarchand avec Tchernobyl, une impossible muséographie du temps ; l’architecte et artiste conceptuelle américaine, Elizabeth Diller dans son interview avec Ethel Buisson : L’imprévisible musée de Elizabeth Diller.
À Londres et à Paris, Eyal Weizman de Forensic Architecture et Francesco Sebregondi de Index, expliquent, dans des entretiens, menés par Jac Fol et Jean Richer, comment ils utilisent les méthodes de travail et les outils des architectes pour leurs enquêtes sur les crimes d’État.
Pour mieux questionner cette ressource immatérielle qu’est l’accident, nous avons aussi interpellé peintres, historiens, réalisateurs, danseurs, scénographes, musiciens, architectes, archéologues, géographes… Ernest Pignon-Ernest, Angelin Preljocal, Augustin Berque, André Delpuech, Viana Conti, Christian Sander, Yannick Rumpala, Nicolas Giraud… Et beaucoup d’autres — dont nous retrouverons éga-lement les propositions sur le site dromologie.org — ont répondu présents.
« On imagine difficilement une société qui nierait le corps comme on a progressi-vement nié l’âme, c’est pourtant vers celle-ci que nous nous dirigeons », avertissait Paul Virilio en 1984. Notre résistance se concentre dans les projets que nous vous dévoilons ici et dans ces lignes d’encre… Il y a longtemps déjà, Gaston Bachelard nous invitait à redonner à la pensée sa turbulence. Alors oui, prenons le parti du gai savoir de la contestation ! Chères lectrices, chers lecteurs, « nos sœurs, nos frères », comme disait Baudelaire, nous vous souhaitons une bonne lecture !
Comité éditorial
Thierry Paquot, directeur de rédaction
Jean Richer, coordinateur des cahiers
Thomas Billard
Ethel Buisson
Simon Dawes
Jac Fol
Stéphane Paoli
Sharon Rotbard
Virginie Segonne
Tiziana Villani
Sophie Virilio
Hala Wardé
Eyal Weizman
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