Biarritz, Pyrénées atlantiques, 22 avril
Les rouleaux incessants embrassant le rivage biarrot ne se font guère d’illusion… Les quelques badauds locaux venant s’enamourer pour eux ne sauraient compenser un désamour courant depuis maintenant 6 mois.
Par crise du logement, nous pensons aux résidences principales, construites pour être habitées à l’année. Mais pour une minorité de Français, le logement se traduit également par une résidence dite secondaire, utilisée durant quelques mois seulement. Ici, d’avril à juin, le nombre « d’usagers de la ville » passe du simple au sextuple, voire à l’octuple, la fluctuation d’occupation urbaine connaissant l’infléchissement inverse au crépuscule d’un été au rythme effréné.
22 avril… les vagues claquent, incessantes, dans un spectacle d’autant plus beau qu’il est agrémenté des derniers vents frais, vestiges d’un hiver passé seules sur un rivage déserté, tel un match à huis clos.
Biarritz, capitale française estivale, à l’image de ses homologues hivernales, Chamonix ou Bourg-Saint-Maurice, cristallise les paradoxes de la ville fluctuante, courtisée l’été, méprisée le reste de l’année. D’immeuble en immeuble, un festival de volets fermés s’offre aux yeux des habitants à l’année résidant, eux, dans les quartiers excentrés de la plage, parfois dans les logements sociaux de la vallée. Si spectaculaire que les folies des ferias aoutiennes, la solitude des quelques bâtiments à l’architecture bourgeoise interrogent. Tantôt ville, elle redevient village… pour quelques semaines encore. Les prix des cafés en terrasses reflamberont dès le mois de juin, signifiant aux locaux que leur saison est passée. Ainsi les volets des résidences secondaires se rouvriront comme si de rien n’était, face à la Mer.
La ville vient… puis repart, elle fluctue, elle ne meurt pas, elle vit ; mais dans le temps davantage que proposer, elle sélectionne et se met en sommeil.
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