
Le changement climatique est une réalité avérée. En complément de l'atténuation, et parce que l'on sait que le climat se réchauffera malgré tous les efforts entrepris, des projets d'adaptation voient le jour à travers le monde. Plus spécifiquement dans les domaines de l'urbanisme et du paysage, des expérimentations sont menées dont il nous faut rendre compte.
Voici l'ambition de cette revue numérique, appelée Klima, qui sera mise en ligne sous une forme expérimentale pour deux numéros avant la mise en place définitive de la revue qui sera bilingue (français et anglais).
Climat, Klima
Climat (du grec klima, κλίμα, « inclinaison »)
1. Ensemble de circonstances atmosphériques et météorologiques propres à une région.
2. Atmosphère morale.
Définition du dictionnaire Le Robert
1. Ensemble de circonstances atmosphériques et météorologiques propres à une région.
2. Atmosphère morale.
Définition du dictionnaire Le Robert
Originellement, le climat / klima est une notion géométrique. Pour l’astronome grec Eudoxe de Cnide (-408 – -355), le climat était l’inclinaison de l’axe du monde au-dessus de l’horizon, notion relative au lieu d’observation exprimant à la latitude actuelle. On devait donc parler du climat d’un lieu. Les climats des lieux les plus fameux étant appelés à fournir les parallèles de référence, l’astronome et géographe Ératosthène (-276 – -194) entreprit l’élaboration d’une carte du monde en donnant un second sens au klima. Il devenait l’écart géographique dans les limites duquel le jour à pratiquement la même durée. Les climats devenaient dès lors des bandes horaires parallèles.
Il faudra attendre le XVe siècle et les explorations géographiques apportant une meilleure connaissance des conditions atmosphérique qui régnaient dans les différentes parties du monde pour que le climat devienne l’ensemble de circonstances atmosphériques et météorologiques propres à une région. Successivement angle d'inclinaison, parallèles géographiques, mesure de la durée et enfin étude scientifique des phénomènes atmosphériques.
Nous avons choisi Klima pour titre de la revue car il est à l’articulation entre le lieu que l’on habite et les conditions météorologiques qu'il subit. Si le thème de l'adaptation de l'homme à son milieu est un des fondements de bon nombre de disciplines, il prend aujourd'hui un sens tout particulier parce que l'on sait que notre relation au climat change. Nous sortons d'une période de négation du climat avec un déploiement technique sans précédent - pour le chauffage et la climatisation par exemple - qui a réduit notre nécessité d’adaptation au climat. Cette séquence historique semble devoir s’arrêter, non par une prise de conscience de l'éloignement de l'homme avec son milieu, mais par la réfaction des ressources fossiles nécessaires au fonctionnement de ces techniques. La seconde raison réside dans le changement climatique avéré, tel qu’il est engagé depuis le milieu du XIXe siècle, qui voit, nos milieux de vie considérablement changés. À l'articulation entre milieux, conditions climatiques et modes de vie se trouvent de multiples études et projets d’aménagement. La revue Klima veut s’attacher à en faire l’écho.
Merci à Jean-Philippe Doré d'avoir trouvé ce très beau titre !
Ligne éditoriale
Notre ligne éditoriale permet la pluralité des approches et des regards, tant sur le plan disciplinaire que dans le parti pris en matière d'adaptation au climat.
Les projets présentés ont trait au temps qui est le sujet principal de l’association A-R-T : le temps de la transformation voulu (passé ou à venir) ou de la mutation subie, celui des usages du présent, l’anticipation d’un futur plus lointain, la comparaison entre deux états…
Cinq propositions littorales
Comment se prémunir des risques liés à l’érosion côtière et au changement climatique sur le littoral sud atlantique ?
Les cinq propositions de Klima dans le cadre de la Consultation publique sur la « vision d’avenir ».

Les cinq « R » de l’adaptation littorale : restauration, réconciliation, responsabilité, résilience et réactualisation.

R comme restauration des milieux naturels littoraux
Favoriser la restauration des milieux littoraux pour valoriser et augmenter leurs services écosystémiques face aux risques naturels. Restauration ces milieux, tels les marais salants, les massifs dunaires ou les mangroves, afin de réduire l’impact des aléas sur les côtes en brisant la houle ou en stockant l’eau lors de submersion marine. Créer des zones spécifiques d’adaptation au changement climatique dédiées à l’amplification des services écosystémiques.

R comme réconciliation des liens socioécologiques
Développer la réconciliation des liens socioécologiques qui relient l’homme à la nature avec de nouveaux usages productifs, récréatifs et sportifs respectueux de la sensibilité des milieux littoraux. Faire du littoral - dans la bande des 100 m de la loi éponyme - un domaine public non appropriable, porteur d’usages temporaires permettant une expérience renouvelée du rivage.

R comme responsabilité citoyenne
Encourager les habitants à une prise de conscience des enjeux liés aux changements climatiques et restaurer la responsabilité individuelle de chacun, en plaçant le citoyen au centre des décisions concernant l’occupation de la bande littorale. Stimuler l’implication des Citoyens dans les projets de concertation entre acteurs et usagers, en simplifiant par exemple l’élaboration de schémas de mise en valeur de la mer et du littoral.

R comme résilience territoriale
Promouvoir les projets de résilience territoriale et développer l’approche paysagère comme solution d’adaptation au changement climatique. Utiliser les outils actuels de planification comme les trames vertes et bleues qui pourraient devenir des trames paysagères littorales évolutives permettant une structuration souple de ces territoires en transition.

R comme réactualisation des politiques publiques
Affirmer le caractère transitoire des situations littorales face à l’évolution des effets combinés du changement climatique que sont l’élévation du niveau de la mer, l’accentuation de l’érosion côtières, les vagues de chaleur estivales et la réduction de la ressource en eau potable. Cela conduit à penser un aménagement des territoires littoraux en profondeur, en recréant des solidarités entre le rivage, le rétro littoral et l’arrière-pays et surtout à engager la réactualisation régulière des politiques publiques de résilience dans un processus d’amélioration et d’adaptation continu.