En hommage à Jean Baudrillard, « La disparition » est une installation pour laquelle je cède la parole au philosophe Simone Regazzoni, professeur d’esthétique à l’Université de Pavie, directeur de collection aux éditions « il melangolo », Gênes, Italie : « Peut-on représenter la disparition ? Peut-on la montrer dans une œuvre d’art ? Et que représente-t-elle, la disparition ? L’installation la disparition de Jean-Pierre Giovanellidonne des réponses à ces questions capitales de la visibilité à la disparition et à l’art. Si l’on peut représenter la disparition en montrant un moment essentiel de ce qui apparaît, de ce qui se présente et se représente. La disparition, semble dire Giovanelli, n’est pas simplement la fin ou la mort de ce qui apparaît et permet de voir mais une essentielle plissure, quasiment un double spectral : En tout de ce qui apparaît et se montre il y a de la disparition, ce qui est la trace d’une chose qui Dis Paraît et qui rend impossible la totale représentation au-delà de la forme d’une apparente totalité. Mais qu’en est-il de ce qui disparaît dans ce qui apparaît ? Rien de moins que le réel. Le réel n’est en rien la réalité qui se montre et se donne en représentation mais la disparition dans ce qui apparaît, la des-apparition : ce qui se dissimule dans l’apparaître, ce qui se soustrait, ce qui se donne comme simple soustraction est la disparition. Voilà le défi, et la provocation de l’œuvre de Giovanelli qui s’aventure jusqu’aux limites du désert de la représentation comme s’il n’y avait rien à représenter. Porter la disparition du réel dans une représentation sans trahir la disparition, sans la contraindre violemment à se montrer, à se dévoiler dans sa nudité absolue, mais la montrant, justement, comme disparition. Par ce qu’il n’y a d’autre moyen pour le réel de se donner sinon en disparaissant ».
« De cette disparition du réel il faut nécessairement en prendre grande attention, semble dire Giovanelli, à la limite, lui vouer un culte qui s’oppose à l’idolâtrie de l’actuelle profusion d’images de la représentation du monde. À « l’époque de l’image du monde », pour citer Heidegger, ce n’est pas la représentation du monde qui compte mais sa duplication dans l’image, ce qui n’apparaît pas, ce qui se soustrait au monde et qui se montre dans le mouvement du disparaître. Ce culte voué au réel de la disparition survient dans le désert qui est en même temps l’espace limite de la représentation en tant que « rien à représenter », l’espace de la révélation (des révélations religieuses) et une métaphore de l’apocalypse comme destruction totale, comme réduction du réel au désert du réel. On pourrait dire que Jean-Pierre Giovanelli nous montre ici, dans ce désert, son « apocalypse du réel », dans tous les sens de ce terme grec qui indique en même temps l’apparition, la révélation (littéralement en grec, apocalypse signifie « dé voiler », « enlever le voile ») et la représentation de la fin du monde, la représentation de la disparition du monde ».
Jean-Pierre Giovanelli
Retour au début