Génération par IA de Canva le 17 septembre 2023. Bien entendu, ce n'est pas le Musée de l'accident, mais l'accident du musée.

Le Musée de l'accident est consacré à l'accidens, ce qui arrive selon le terme socratique, en ayant recours aux sciences, à la philosophie, l'architecture et les arts les plus expérimentaux et les plus stimulants d'aujourd'hui.
Fondé en 2004 par Paul Virilio, c'est le premier centre artistique au monde consacré  à l'accident.
Je voudrais maintenant signaler une étrange coïn­cidence entre l’apparition, il y a quelque quatre cents ans, de la CHAMBRE DES MERVEILLES et l’émergence de la CHAMBRE DES CATASTROPHES.
Alors que la chambre des merveilles surgit, au XVIe siècle, dans un monde qui s’entrouvre grâce aux conquêtes maritimes et découvre l’exotisme sous toutes ses formes, notamment avec les cabinets de curiosités du XVIIe siècle, l’ouverture prochaine du MUSÉE DE L’ACCIDENT est contemporaine d’un monde qui s’enferme, se clôt sur lui-même, pour s’occuper, au XXIe siècle, de l’endotisme écologique, en attendant les prémices d’une eschatologie dont la démocratie devra demain tenir compte, sous peine de disparaî­tre devant la menace d’une nouvelle tyrannie, la TYRAN­NIE DU TEMPS RÉEL, cet« accident du Temps» d’une instantanéité, fruit d’un Progrès technique politique­ment non maîtrisé.
Paul Virilio, Ville panique (2004)
L’histoire du MA
L’annonce en septembre 2018, du décès de Paul Virilio, penseur visionnaire, a provoqué une onde de choc dans la communauté de ses anciens élèves qui se sont spontanément retrouvés devant l’École spéciale d’architecture à Paris où il a enseigné pendant une trentaine d’années. Puis un hommage lui a été rendu à l’initiative de sa fille Sophie Virilio et de Hervé Chandès de la Fondation Cartier pour l’art contemporain.
Parallèlement à La Rochelle où il a vécu une quinzaine d’années, d’anciens élèves architectes ont émis l’idée qu’un lieu rochelais puisse porter le nom de Paul Virilio et que sa pensée et son implication dans la vie culturelle rochelaise comme la création du Centre Intermondes soient évoquées. Lors des premières Rencontres, le maire de La Rochelle, Jean-Francois Fountaine, a donné le nom de Paul Virilio à l’allée littorale où il aimait cheminer, tandis qu’une exposition présentait l’homme et sa pensée dans les espaces de la médiathèque Michel Crépeau (avec les partenariats essentiels de la Ville de La Rochelle, de la médiathèque Michel Crépeau, du CAUE 17, du FAR, mais aussi de la Fondation Cartier pour l’art contemporain et du Centre Pompidou).
L’histoire de notre groupe commença ce 3 avril 2019 à La Rochelle, avec La dernière frontière, les premières Rencontres Autour de Virilio. Décidée à maintenir la pensée de l’auteur dans les débats d’idées, une dizaine de participants, français et étrangers, s’organise en comité et lance une série de livres annuels, les Cahiers Paul Virilio. Avec le mécénat de la Fondation Cartier pour l’art contemporain et malgré les confinements, Dromologie 01 est sorti en mars 2021. Dromologie 02, qui développe le concept du Musée de l’Accident, est désormais en librairie et a été présenté au Centre Pompidou le 25 janvier 2023 et à la Librairie Volume le lendemain.
Amplifiées par les effets de la COVID-19, le dérèglement climatique et les conflits géopolitiques, les incessantes références à la pensée de Virilio dans les médias français et internationaux (voir par exemple la série d’émissions consacrée au penseur par France Culture en 2021), poussent le comité à de nouveaux et ambitieux projets. Les Rencontres 02, Géopolitique de l’Accident ont eu lieu les 1er & 2 avril 2021 à La Rochelle et les Rencontres 03 se dérouleront les 30 et 31 mars 2023, sur le thème de la Géométrie du Vide.
Entretemps, le comité, rejoint par de nouveaux membres, travaille au projet du MA, le Musée de l’Accident, une idée originale de Paul Virilio et un prolongement direct de son exposition Ce qui arrive à la Fondation Cartier. En avril 2021 fut immergée dans la baie de La Rochelle, la première pierre du MA. Un geste symbolique pour un musée qui sera un lieu d’apprentissage, d’enseignement et de recherche, mais aussi l’espace architectural de l’inhabituel. Une préfiguration éphémère du MA a lieu en novembre 2021, en clôture de la 17e Biennale d’Architecture de Venise proposant sa réponse à la question posée par le commissaire général Hashim Sarkis : How will we live together?
La première pièce de ce musée en cours d’élaboration sera présentée aux 3e Rencontres Virilio en mars 2023. Ce sera la Bibliothèque Virilio conçue par l’architecte Hala Wardé : une bibliothèque qui réactive celle de l’auteur, tout en la complétant au fur et à mesure de ses déplacements, une bibliothèque mobile et infinie. Sa première apparition, avec une partie des livres appartenant à Paul Virilio et complétée d’ouvrages associés, est prévue le 30 mars à la Maison des Écritures, accompagnée d’une exposition permettant de présenter au public dès le 31 mars, la genèse du Musée de l’Accident, celle de cet objet nomade, ainsi que les projets en cours.

Le comité Virilio
THOMAS BILLARD, architecte
ETHEL BUISSON, architecte plasticienne et maître de conférences
JAC FOL, professeur émérite en architecture
DOMINIQUE LARMET, administratrice territoriale
STEPHANE PAOLI, journaliste, auteur et réalisateur
THIERRY PAQUOT, philosophe de l’urbain
JEAN RICHER, architecte-géographe
SHARON ROTBARD, auteur, éditeur
VIRGINIE SEGONNE, architecte du patrimoine
SOPHIE VIRILIO, romancière et photographe
HALA WARDÉ, architecte
EYAL WEIZMAN, architecte et chercheur
Il faut regarder la méduse en face, faire reculer l’interdit de la tragédie qui pèse sur nos sociétés. Les artistes sont les mieux placés pour faire sentir la dimension tragique du progrès. Posant la question de l’inattendu, de l’inattention aux risques majeurs, un parcours artistique de ce type rend hommage au discernement, à l’intelligence préventive, qu’elle soit philosophique ou scientifique. […] aujourd’hui, ce qui se conserve, avec la télévision, se réduit à l’instant événement. Il s’agit, au contraire, de retirer aux médias cette dimension voyeuriste spectaculaire, cet effet de choc, cette surexposition à l’effroi, sur lesquels ils jouent en permanence en tablant sur la synchronisation des émotions collectives. Le musée de l’accident sera le contrepoint des excès de toutes sortes dont ils nous abreuvent quotidiennement.
Exposer l’accident pour ne plus y être exposé
Journal L’Humanité, samedi 14 décembre 2002, entretien de Paul Virilio réalisé par Magali Jauffret
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