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CC BY NC ND
Éditions Atelier de recherche temporelle, 2025, 96 p.
ISBN 978-2-492142-06-2
En partenariat avec l'AFPS et l'AFPCNT.
La "Mission post-sismique italienne 2025" organisée par l'AFPCNT et l'AFPS a permis un transfert de connaissances franco-italien sur le relèvement à long terme, guidé par le principe du Build Back Better (BBB). L'étude a porté sur les séismes de L'Aquila (2009), Amatrice (2016) et Ischia (2017).
L'expérience italienne et le « modèle L'Aquila »
L'Italie a appris la nécessité d'une superposition stratégique des phases d'urgence et de reconstruction pour éviter les blocages administratifs. La reconstruction à L'Aquila, ville administrative et universitaire dévastée, est devenue un laboratoire visant la régénération sociale, économique et culturelle du territoire, au-delà de la simple restauration du bâti (philosophie come c'era, dove c'era). Cette approche vise à lutter contre le dépeuplement, un enjeu structurel des zones intérieures.
L'État italien a mis en place des solutions d'hébergement d'urgence de haute qualité, comme les complexes CASE (Complessi Anti-Sismici Eco-compatibili), souvent construits sur isolateurs sismiques, et les MAP (Modules d'Habitation Provisoire).
Le modèle italien est fortement public et assistenziale. L'État finance à 100% la reconstruction des habitations principales, en y intégrant l'amélioration sismique (objectif de 60% de la sécurité d'une construction neuve) et, souvent, l'embellissement du patrimoine, ce qui est une différence fondamentale avec un système d'assurance classique.
La gestion des fonds et des projets est assurée par des bureaux spécialisés (USRA/USRC) et repose sur un système paramétrique pour l'attribution des contributions.
Le contraste est marquant avec la gestion du séisme d'Amatrice (2016), où le lourd bilan humain (298 victimes) a été attribué à une absence de culture du risque et à l'inefficacité des normes de construction, contrairement à la ville voisine de Norcia qui a résisté grâce à une prévention historique et des renforcements constants.
Enseignements et perspectives pour la France
La mission a souligné les limites du système français d'assurance Cat'Nat (1982), qui, basé sur la solidarité nationale, a tendance à indemniser pour reconstruire à l'identique, ce qui freine l'amélioration proactive de la résilience du bâti. En Italie, la nouvelle Loi 40 de 2025 intègre désormais formellement 4% des fonds à la reconstruction sociale, transformant la douleur en norme nationale.
Trois pistes de réflexion pour la France ont été proposées :
Étudier la dromologie, ou les rythmes de la crise, qui oppose l'accélération de l'urgence à la décélération administrative de la reconstruction.
Créer une résidence européenne d'architecture et de design du risque.
Développer un corps d'inspection spécialisé en patrimoine bâti pour la sauvegarde rapide des monuments historiques, en s'inspirant de l'expertise italienne.
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