28 mars 2012
1.
Le dernier rapport de la SAFER démontre que la consommation des sols agricoles au bénéfice d’un usage urbain est plus rapide que l’évolution de la population. En 1936, les communes dites urbaines couvraient 3,6 millions d’hectares et accueillaient 22 millions d’habitants, soit 53 % de la population. Aujourd’hui, c’est 11,9 millions d’hectares pour 48 millions d’habitants, soit 78 % de la population. *
Dans les années 1960, 40 000 hectares de terres agricoles par an étaient consommés. Sur la période 2006-2010, le rythme annuel est passé à 78 000 hectares.
2.
L’urbanisation avance proportionnellement plus vite que sa population. Ainsi, depuis 2005, la surface des communes urbaines a été multipliée par 3,4 mais la population par 2,2… Ce faisant, le tissu urbain se dilue en quelque sorte et mite l’espace agricole. Aujourd’hui, 31 % du territoire des grands pôles urbains et 55 % du périurbain sont consacrés à l’agriculture. *
La diffusion des zones d’habitat avec l’extension des voies de communication et le développement concomitant des zones d’activité commerciale, industrielle, artisanale et même de loisirs entraînent l’augmentation des surfaces imperméabilisées, devenues impropres à une exploitation agricole. « Il faut chaque année, par habitant, 8 mètres carrés supplémentaires de béton, de bitume, de terrain compacté ou de pelouse », observe la Safer. *
3.
La surface moyenne par personne (41 m2) ne progresse plus que faiblement comparativement à la période 1984-2005. Cette légère hausse résulte à la fois d’un accroissement de la taille moyenne des résidences principales (+ 1 m2 en cinq ans) et d’une diminution du nombre moyen de personnes par ménage. En effet, la part des ménages constitués de personnes vivant seules augmente (+ 4 points) et ces dernières ont en moyenne deux fois plus d’espace que celles qui cohabitent (73 m2 contre 36 m2). **
En 2010, 53 % des ménages âgés de 65 ans et plus sont des personnes seules, et 43 % sont constitués de deux personnes. Ils disposent en moyenne de deux fois plus de surface que ceux de moins de 50 ans, car ils continuent fréquemment d’occuper le même logement après le départ des enfants ou le décès du conjoint. Ainsi, plus de la moitié des ménages âgés habitent leur logement depuis plus de vingt-cinq ans, un sur cinq seulement a changé de logement au cours des dix dernières années. Or, un déménagement peut constituer l’occasion d’adapter la taille du logement à une situation familiale qui s’est modifiée. De fait, les personnes âgées qui ont déménagé disposent d’une surface inférieure de 15 % (55 m2) à celle des sédentaires, l’écart atteignant même 25 % pour les ménages d’une personne. **
4.
Les citadins disposent de moins de place : 33 m2 par personne pour l’unité urbaine de Paris contre 47 m2 en zone rurale. Cet écart s’est accentué entre 2005 et 2010, la surface moyenne par personne augmentant plus vite dans les zones rurales qu’ailleurs. **
* In Les Échos, « L’étalement urbain continue de grignoter les terres agricoles » (27/02/2012), Philippe Moreau.
** In INSEE PREMIERE N° 1396, « Conditions de logement de 2005 à 2010 » (mars 2012), Samuel Ménard, Gwendoline Volat (SOeS)
L’artifice au champ
Lorsqu’il vous est demandé 10 ans plus tard un avis sur l’artificialisation des sols, par où commencer ? Des généralités — la France est plus artificialisée
que ses voisins Allemands, Anglais, Néerlandais, Espagnols ou Italiens, ou encore que l’urbanisation consomme la surface équivalente à un
département tous les 8 à 10 ans et que les villes grandissent 3 fois plus vite que leur population — ne suffisent pas à décrire la situation. Les lotissements et autres zones d’aménagement concerté (on sourira sur ce dernier terme) continuent à fleurir dans les champs.
que ses voisins Allemands, Anglais, Néerlandais, Espagnols ou Italiens, ou encore que l’urbanisation consomme la surface équivalente à un
département tous les 8 à 10 ans et que les villes grandissent 3 fois plus vite que leur population — ne suffisent pas à décrire la situation. Les lotissements et autres zones d’aménagement concerté (on sourira sur ce dernier terme) continuent à fleurir dans les champs.
ZAN pour « zéro artificialisation nette », voilà l’objectif qui ressort du rapport de France Stratégie (juillet 2019) et de l’engagement du 29 juillet 2019 de l’État en faveur d’une gestion économe de l’espace. Avant de commencer à réfléchir, il fallait faire un premier constat visuel sans même sortir de la bonne ville renaissance qui abrite l’Atelier… Nous vivons l’artifice d’une infrastructure coloniale.










