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CC BY NC ND
Éditions Atelier de recherche temporelle, 2025, 70 p.
ISBN 978-2-492142-07-9
En partenariat avec l'AFPS, l'AFPCNT et le BRGM, ce rapport "Résilience Tour 2025" rassemble les enseignements tirés des séismes de La Laigne (Charente-Maritime, 2023) et Le Teil (Ardèche, 2019), mis en perspective avec les expériences italiennes (L'Aquila, Amatrice). L'objectif est d'intégrer le principe du "Build Back Better" (BBB), visant à reconstruire en améliorant la résilience du bâti.
1. Défis de la phase d'urgence et du diagnostic
La phase d'urgence, initialement concentrée sur la sauvegarde des personnes, a entraîné une confusion entre le diagnostic opérationnel de sécurité (codification couleur) mené par les secours (SDIS) et le diagnostic de solidité structurelle à long terme. Une "prudence excessive" face aux répliques a conduit à une "sur-évaluation" des risques, avec une estimation que 60 à 70% des arrêtés d'évacuation pris au Teil auraient pu être évités a posteriori. Cette sur-évaluation génère une "lourdeur administrative et sociale" durable.
En contrepoint, le modèle italien se distingue par :
L'intervention précoce d'équipes mixtes (pompiers/ingénieurs).
Une codification plus nuancée des dommages, allant au-delà du simple binaire "habitable/non habitable", évitant la condamnation prématurée des bâtiments.
2. Le temps long de la reconstruction et les enjeux sociaux
Le relèvement est un "marathon" de plusieurs années, marqué par le besoin impérieux de "proximité" des sinistrés (maintien du lien social, scolarité, emploi). Les dispositifs financiers (comme le FARU) se sont révélés initialement inadaptés aux temporalités longues des crises.
L'accompagnement humain est jugé essentiel :
Les collectifs de sinistrés (Le Teil, La Laigne) ont joué un rôle déterminant pour défendre les droits face aux assurances et capitaliser l'expérience.
La gestion de la crise sociale a nécessité l'intervention d'outils comme la MOUS (Maîtrise d'œuvre urbaine et sociale) et un soutien psychologique intégré dès le début pour faire face au traumatisme et à la "sinistrose".
3. Les limites du système assurantiel et de l'expertise
Un dysfonctionnement majeur réside dans la "faillite partielle du système d'expertise", marqué par :
L'incompétence d'experts d'assurance et d'assurés face à la spécificité du bâti ancien (en pierre), conduisant à des préconisations techniques aberrantes ou à des démolitions hâtives. Près de 95% des bâtiments classés "noir" auraient pu être sauvés avec une expertise adéquate.
Le conflit entre "reconstruction à l'identique" (couverte par l'assurance) et l'intégration des renforcements parasismiques (amélioration de la résilience), créant des restes à charge importants.
Un manque de transparence et une hétérogénéité des pratiques assurantielles.
4. Recommandations clés
Les débats débouchent sur plusieurs pistes d'amélioration :
Réforme du diagnostic : Mise en place de binômes mixtes (secours/ingénieurs) et instauration d'une "seconde visite à froid" (contre-expertise) pour affiner les évaluations initiales et réviser les arrêtés de péril.
Organisation centralisée : Créer une structure de pilotage dédiée à la reconstruction, inspirée du modèle italien, pour coordonner les travaux, intégrer les architectes du patrimoine et mettre fin à la gestion "au cas par cas" qui déstructure les villages.
Évolution législative : Dépasser la notion de "reconstruction à l'identique" pour rendre obligatoire l'intégration et le financement de l'amélioration sismique ("Build Back Better").
Professionnalisation : Imposer un niveau de compétence spécifique aux experts intervenant sur le bâti ancien en zone sismique et rendre obligatoire la remise des rapports d'expertise aux sinistrés.
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