Une approche par les rythmes de l’adaptation au changement climatique du littoral charentais
Les 22e rencontres internationales en urbanisme de l’APERAU.
Université internationale de Rabat (16, 17 et 18 juin 2021)
Résumé
Le recours à l’écologie grise — terme forgé par l’urbaniste et philosophe Paul Virilio — permet d’aborder différemment la question de l’adaptation au changement climatique des littoraux urbanisés. L’adaptation se pense alors dans le temps non plus en termes d’urgence climatique mais de d’eurythmie et de polyrythmie issues de la rythmanalyse. L’analyse des des projets d’adaptation qui ont suivi la tempête Xynthia en Charente-Maritime montre des processus rythmiques incomplets face aux enjeux à long terme.
Dromologie littorale
Face au changement des conditions climatiques des littoraux urbanisés, un sentiment d’urgence l’emporte avec pour peur l’accident généralisé décrit par la collapsologie. En réponse, les politiques de défense des côtes par endiguement sont les plus plébiscitées puisqu’elles apportent une réponse rapide et statique en consolidant les forçages anthropiques face à l’élévation du niveau des mers. Nous pouvons nous interroger sur l’absence de politique d’adaptation de grande ampleur que la présente contribution propose de prendre à contre-pied par un questionnement qui ne se fasse pas contre le temps mais avec lui en ayant recours à l’écologie grise — concept forgé par l’urbaniste et philosophe Paul Virilio (1932–2018). Ce philosophe s’est intéressé aux effets de la vitesse — la dromologie — sur les sociétés avec une référence régulière aux rivages.
Les littoraux sont symptomatiques de notre rapport complexe au temps : il s’agit souvent de territoires urbanisés ou s’applique l’accélération du temps social explicitée par le sociologue Harmut Rosa, tandis que les projets d’adaptation y demandent des temps longs. Au travers un territoire déterminé — ici la façade atlantique française et plus précisément les zones touchées par la tempête Xynthia de 2010 en Charente-Maritime — une réflexion sur l’adaptation par le temps dans une analyse des rapports de proportion où « la vitesse n’est pas un ”phénomène” mais une relation entre les phénomènes », donc d’eurythmie et de polyrythmie dans les stratégies d’adaptation de ce littoral urbanisé.
Partir de L’accident climatique de Xynthia
Fin février 2010, la tempête hivernale classique Xynthia a frappé le littoral atlantique en pleine nuit, en concomitance avec un fort coefficient de marée haute. Elle a détruit des digues, fait déborder des cours d’eau et submergé de très vastes territoires insulaires et continentaux. Au travers des victimes et des dégâts générés, cette tempête a mis en évidence la défaillance dans la chaîne d’alerte, l’anthropisation littorale excessive occultant souvent les notions de risques de submersion, et enfin le défaut de surveillance et d’entretien des digues, qui sont autant de phénomènes et d’actions rythmiques. « Si, selon Aristote, il n’y a pas de science de l’accident, le navire désigne, face à ce qui advient, une autre puissance, celle de l’inexploré de la défail­lance du savoir technique […] et à côté, tout à côté, passagère clandestine, la folie — naufrage intériorisé de la raison dont l’eau, le fluide, demeureront au cours des siècles les utopiques symboles » : c’est en ces termes que Paul Virilio décrit l’accident qui naît de notre trop grande confiance dans la technique, ici symbolisée par le bateau, mais qui s’applique aussi bien aux défenses marines et à l’urbanisation littorale qui les rend nécessaires.
Dans le petit livre La dernière frontière, Paul Virilio rappelle son expérience personnelle de la tempête Xynthia, tout en annonçant « l’inertie du moment de l’inertie du lieu ». Sa pensée est alors double. D’une part, il en appelle à une sorte de musicalité des rythmes, une rythmanalyse qu’il attribue au philosophe Vladimir Jankélévitch. Il en dit : « l’ubiquité, les flux, les transports lourds, la culture de la mer, l’écologie, le rapport au temps et au tempo, tout ceci pose à nouveaux frais la question de la géopolitique et du continuum. Et ce continuum, il prend forme ici, sur ce trait de côte ». Il ne dira rien de plus explicite sur l’adaptation possible de cet arc atlantique. Le continuum dont il parle peut être perçu comme le rythme des rythmes, un tempoeurythmique. Ce que Paul Virilio ne dit pas de la rythmanalyse de Jankélévitch, c’est qu’elle est musicale et laisse une large place à l’improvisation. Si le philosophe de l’effondrement géographique trouve dans le littoral la matrice du continuum, il prévient aussi de la discontinuité provoquée par la vitesse contre laquelle il appelait à la restauration de la dimension temporelle qu’il avait nommée écologie grise : « Toujours cette même désastreuse absence de compréhension du caractère relativiste des activités de l’homme de la modernité industrielle [… l’écologie] ne peut plus effectivement se développer sans appréhender aussi, l’économie du temps des activités interactives et de leurs rapides mutations ». En poursuivant ces propos, examinons le tempo des projets d’adaptation qui se sont fait jour après cette tempête.
Les ateliers du littoral
Dans les mois qui ont suivi la tempête, le Ministère de l’Écologie a proposé aux collectivités de Charente-Maritime d’engager une réflexion sur l’avenir de ce littoral. Une équipe pluridisciplinaire, menée par l’urbaniste François Gretter, a rapidement construit un projet global et progressif sur l’ensemble du territoire. Ce projet de paysage daté de février 2011 visait à regrouper les futures constructions au-dessus d’un niveau d’altitude minimum, protéger les espaces agricoles, les zones humides et les marais par des limites pérennes, et valoriser la voie nord sud reliant La Rochelle à Rochefort en « boulevard de la mer ». Mais cet Atelier national exceptionnel énonça un projet à long terme alors que l’émotion médiatique de « l’inertie du moment » empêchait toute projection.
Les services régionaux de l’État ont pris le relais de cette réflexion en l’adaptant au contexte local, avec l’Atelier littoral régional, fin 2011, dont l’objet était « l’étude des sites pour leur aménagement environnemental après déconstruction ». L’atelier menée par la paysagiste Julie Colin s’est d’abord déroulé sur trois communes pilotes : Charron, située sur des terres agricoles poldérisées, Aytré dans l’agglomération de La Rochelle et Port-des-barques située à l’embouchure de la Charente. Toutes ces démarches mettaient en œuvre quelques principes rythmiques communs : évolutivité, réversibilité des usages, résilience à la submersion, reconstitution d’une géographie passée pouvant évoluer naturellement, réponse mesurée aux besoins des collectivités avec coconstruction d’un projet partagé, approche pluridisciplinaire…
Ces ateliers de l’État présentent une accélération de la prise en compte politique et de la réflexion paysagère sur l’aménagement littoral dans les zones à risques. L’échec opérationnel du premier et les résultats mesurés du second sont aussi éloquents sur le rythme même du projet d’adaptation et du kairos, l’instant propice de sa réalisation. Ces démarches mettent aussi en œuvre des principes rythmiques communs : un projet d’aménagement évolutif, la sanctuarisation des zones naturelles et agricoles, la réversibilité des usages et la résilience à la submersion. La renaturation est par essence une évolution lente puisqu’il s’agit de laisser la nature reprendre sa place sur des terrains précédemment urbanisés. Ce retour apparaît comme une ondulation temporelle au sens où il ne s’agit pas d’un retour mais d’une transformation d’un état à un autre qui serait semblable à un état passé. La sanctuarisation, qui consistait à border des zones urbaines par une ceinture végétale pourrait être considérée comme une suspension géographique. Cette suspension induit paradoxalement la capacité d’évolution des milieux ainsi sanctuarisé. Il y a là une rythmique à contretemps : mesure d’un côté et évolution improvisée de l’autre. Aujourd’hui, les interventions paysagères issues du second atelier sont à peine perceptibles, comme si elles appartenaient déjà au continuum.
La Rochelle au risque des vagues
La ville de La Rochelle a connu des dégâts considérables lors de Xynthia qui ont montré la vulnérabilité de ses quartiers le plus proches de la mer. Une équipe pluridisciplinaire menée par l’atelier de paysage Landescape a été retenue pour réaménager le vieux port en proposant deux orientations méthodologiques : d’une part, l’implication du public par le biais d’une médiation culturelle, et d’autre part la compréhension de la dynamique d’implantation historique de la ville avec et sur la mer. Le dispositif de médiation s’inscrivait dans le temps de la concertation réglementaire en proposant la mise en peinture de 380 arbres en front de mer avec un badigeon de chaux arboricole et de pigment bleu. Sur chaque arbre étaient représentés le niveau d’eau atteint lors de la tempête et la projection de la hauteur des ouvrages à créer. Ce dispositif a permis d’associer une large population mais la conclusion de cette concertation fut paradoxalement de se détourner des propositions d’adaptation du tissu urbain aux entrées maritimes au profit d’une protection collective du trait de côte, autrement dit par des défenses.
Aujourd’hui, la chaux bleue sur les arbres a disparu. Cet effacement illustre assez bien celui la mémoire du risque sachant que l’enjeu majeur du dispositif était de maintenir vivante la conscience que ces ouvrages ne sont qu’une réduction des risques : « Nous pensions initialement que l’événement Xynthia […] aurait permis d’engager dès à présent l’adaptation de l’ensemble des quartiers vulnérables au changement climatique. L’acceptabilité des riverains et en particulier celle des propriétaires privés a été ici un facteur limitant, fermant la porte à des processus structurels d’adaptation urbaine plus ambitieuse ». La hâte de se protéger a conduit vers un système complexe de défense dissimulé dans l’espace public. Ce phénomène d’accélération par dissimulation élude le risque.
Alors que « l’obsession du regard porté sur l’instant voudrait évacuer toute idée de transmission, du passé vers le présent, du présent vers le futur », le projet de La Rochelle s’appuie néanmoins sur une analyse patrimoniale et une volonté de réinterpréter les espaces publics en tenant compte de leur passé. « Pas de rythme sans répétition dans le temps et dans l’espace, sans reprise, sans retours, en bref, sans mesure. Mais il n’y a pas de répétition absolue, à l’identique, indéfiniment […] il y a toujours de l’imprévu, du neuf qui s’introduit dans le répétitif ». De fait, ce projet d’aménagement tente de s’inscrire dans un rythme urbain caractérisé par la dimension cyclique et organique de la vie urbaine, mais aussi sur un temps long par son respect des strates historiques passées et à venir.
Le jeu sérieux LittoSim
Face à l’ampleur du traumatisme de la tempête et à la difficulté des élus locaux à appréhender les actions nécessaires pour se prémunir du risque de submersion, des chercheurs ont développé un jeu sérieux, LittoSIM, mêlant une simulation de l’aménagement du territoire avec une modélisation de submersion. La Communauté de Communes de l’Île d’Oléron a soutenu le projet et quatre sessions de jeu ont été organisées avec des élus et des techniciens en 2017. Le dispositif aborde plusieurs aspects dont la compréhension du phénomène de submersion, l’efficacité dans le temps de différentes mesures de prévention, et la mise en œuvre de la coordination intercommunale pour l’aménagement et la gestion des risques. Les élus ont été ceux qui ont le plus appris car ils avaient une faible connaissance des stratégies de prévention. Les ateliers ont aussi créé un effet de concernement à propos de la gestion du risque de submersion qui apparaissait pour certains comme un sujet particulièrement technique.
Le phénomène de vitesse à l’œuvre ici est celui de la simulation qui permet une projection immédiate de la prise de décision lors du jeu : une accélération virtuelle. Cette simulation repose sur une modélisation d’un territoire vécu par les élus et les agents des collectivités au risque d’une déréalisation par l’outil numérique. Or, Paul Virilio rappelle qu’« à côté de cette pollution visible, bien matériel, bien concrète et substantielle, il y a une écologie des distances. La pollution est aussi la pollution de la grandeur nature par la vitesse. […] Cette écologie n’est pas perçue, parce qu’elle n’est pas visible mais mentale ». Il convient dès lors de s’interroger sur le recours à la modélisation comme forme de sensibilisation ou d’apprentissage. L’inertie du moment des ateliers est celle du moment du jeu comme production : LittoSIM conduit les décideurs vers une action planifiée et préalablement délibérée opposée à l’improvisation.
Programme Adapto du Conservatoire du littoral
Pendant ce temps, le Conservatoire du littoral développait le programme Adapto d’expérimentations de gestion souple du trait de côte sur 10 sites en France dont les marais de Moëze en bénéficiant d’un financement européen Life destiné à contribuer aux actions d’adaptation au changement climatique. Commencé en novembre 2017, le programme se poursuit encore aujourd’hui avec pour objectif d’améliorer la résilience des territoires littoraux et rétro littoraux soumis aux aléas d’érosion et de submersions marines. Partant du principe que le fonctionnement naturel des écosystèmes littoraux intègre leur propre résilience face aux événements marins, la démarche Adapto se veut expérimentale en adaptant les méthodes utilisées à chaque contexte local mais avec six axes communs : s’inscrire dans la gouvernance et la réalité sociale des sites ; garantir l’efficacité des modèles proposés en matière de gestion des risques littoraux ; veiller aux équilibres écologiques ; optimiser la qualité paysagère ; analyser les impacts économiques directs et indirects des scénarios ; et produire des outils pédagogiques permettant de retransmettre les expériences menées.
Le premier objectif de la démarche était la démonstration du caractère intrinsèquement mobile du trait de côte. Une seconde étape consistait à recueillir et partager les connaissances scientifiques et techniques utiles à la construction de scénarios. Enfin, une troisième étape décisive permettait de définir avec les acteurs locaux les scénarios de futurs plus ou moins lointains pour le site considéré. Pour les marais de Moëze, le programme prévoit la possibilité d’effacer des digues existantes pour que la mer reconquière certains polders. L’approche se veut paysagère et sur le temps long, au rythme des éléments naturels. Elle nécessite paradoxalement une modification des usages, tant en matière agricole que de loisir et se heurte à l’acceptabilité sociale. Ces expérimentations ne concernent pas des zones urbanisées mais montrent toute la difficulté à accepter la déprise anthropique. En termes de rythmes, le principe de l’abandon maîtrisé — du « laisser faire » — fait revenir toutes la polyrhythmie des phénomènes naturels. C’est aussi une démarche lente qui laisse une large place à l’improvisation, non dans les décisions mais dans les conséquences inattendues de la renaturation.
Changer le climat ?
Les projets d’adaptation littorale en Charente-Maritime s’appuient sur une modification des paysages pour augmenter la résilience des zones concernées tout en diminuant leur vulnérabilité. Ces actions possèdent une nature rythmique prononcée en employant des processus de retrait progressif, de renaturation ou encore de retour à un état antérieur. Elles démontrent de manière empirique la relation qu’il existe entre le paysage comme représentation et les rythmes qui le composent. Nous constatons le caractère évolutif des milieux littoraux sur des temps très longs, historiques, comme sur des temps plus brefs liés à la saisonnalité. Il ne s’agit pas de changer le climat, mais de changer notre rapport au climat et d’inventer les paysages littoraux d’un changement climatique acceptable, sous-tendus par un travail en profondeur sur les rythmes qui le composent.
Retournant 10 ans jour pour jour sur les traces de la tempête, nous avons pu constater que les discours sur l’adaptation n’avaient pas toujours été entendus. La pointe de la fumée de Fouras les Bains attend un aménagement qui tarde à venir après les déconstructions, l’endiguement ceinture une grande partie de l’île de Ré, le quartier des Boucholeurs à Chatellaillon-Plage a été réaménagé en une zone touristique, Charron voit ses anciens lotissements pavillonnaires s’ensauvager… L’adaptation nécessite une action sur les cycles longs tandis qu’une forme de précipitation par le déni s’est imposée dans une arythmie avec laquelle il nous faut maintenant composer.
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